Rondinara : la vingt-cinquième heure

Dès son numéro Un et à la faveur d’un fait divers, le quotidien 24 Ore affiche :  ABCDE et la défense de l’environnement seront dans sa ligne de mire. 

Au sujet de l’attentat qui a visé le camping de la Rondinara, action relevant manifestement du « droit » commun tel qu’il sévit si souvent dans notre région, revêtu d’une casaque « politique »  de saison, - procédé bien pratique pour les journalistes, leur permettant cet intertitre : L’inscription « speculatori  fora » retrouvée sur les lieux semble pointer l’hypothèse d’une acte politique- nous voici déjà visés. Après les « ayatollahs verts » dont nous affublait la droite des années 90, nous voici transportés plus à l’Est et rebaptisés « khmers verts ».

Livrons nous donc à une petite explication de texte. Le dernier paragraphe prête à sourire : en suggérant finement, même si la ficelle est franchement grosse, que « les khmers verts des associations de défense de l’environnement, dont la méthodologie est moins explosive, réfutent tout lien entre leurs actions diurnes et les exactions nocturnes » les auteurs appliquent cette fameuse maxime chinoise :  lorsque le sage pointe la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt. Pour la distribution des rôles, le lecteur aura compris.

Plus sérieusement, qu’il ya t’il de  totalitaire, à en être hissés au rang de khmers de sinistre mémoire, de s’interroger sur la pertinence :

D’un permis de lotir de 54 villas  situées à Rondinara, baie unique, perle naturelle, emblématique de l’exception environnementale de notre île.  La caractéristique de Rondinara, ses grandes valeurs paysagères et ses espaces remarquables, étangs, cordons littoraux sableux, groupements et stations d’endémiques mais aussi des terres agricoles de bonne potentialité qui descendent du hameau de Suartone jusqu’à la mer. Terres si historiquement agricoles que l’on y a laissé des investisseurs provisionner depuis 40 ans… Les vitrines institutionnelles, parc marin et conservatoire, apparaissent dans ce secteur comme des arguments commerciaux pour une urbanisation touristique essentiellement spéculative.

Qu’il ya t’il de  totalitaire, à en être hissés au rang de khmers de sinistre mémoire, de s’interroger sur la pertinence  d’un permis accordé dans ce futur eldorado des promoteurs, dont l’accès est une unique route, où deux voitures se croisent difficilement, étroite et sinueuse, dangereuse dans sa partie quittant la RN 198. 

Qu’il ya t’il de  totalitaire, à en être hissés au rang de khmers de sinistre mémoire, de s’interroger sur la desserte en eau potable, qui, au même titre que l’assainissement, avait été pointée par les services préfectoraux dans leurs commentaires sur le PLU,  commentaires vite glissés sous la tapis. Le manque d’eau et son caractère impropre à la consommation perdurent néanmoins. Le développement des structures d’accueil et de l’urbanisme ces dernières années s’est imposé de manière incontrôlée.  Surfréquentation du mouillage et manquements graves  aux règles d’assainissements (pollution des eaux marines) le disputent à une urbanisation débridée du hameau de Suartone. Le processus classique : au lieu de structurer le développement de la zone autour du hameau, en renforçant son équipement, on ouvre la baie à l’urbanisation en lotissements de résidences secondaires

Nous n’insisterons pas sur l’imprécision, pour ne pas risquer la diffamation pour usage du mot exact, des propos du maire : -/ contrairement à ses déclarations reproduites dans l’article,  le permis n’a pas été délivré par ses services ;  il s’agit d’un permis tacite accordé par délai et faute d’instruction, ce qui nous avait été confirmé aussi bien par le service urbanisme de la mairie de Bonifacio que par la préfecture.  ;  -/ contrairement à ses déclarations reproduites dans l’article,  le PLU ne désigne pas la zone impliquée comme constructible : cf règlement zone AU pages 125-126 ; -/ contrairement à la menace du « contentieux lié à l’urbanisme » et au défaut d’assurance si souvent brandis, et reproduits dans cet article, une instruction éclairée,  permet d’évoquer toutes les caractéristiques évoquées plus haut, de se conformer au règlement et de fait de le  refuser.

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